De toi en toit – Amérique latine

 

Maître d’ouvrage et Maîtrise d’oeuvre / Association Detoientoit créée par Claire Fournier Montgieux (Alt R Architecture) + Claire Bach + Dorothée Zawisza
Programme / Expérimentation sociales / Réemploi de matériaux / Utilisation de matériaux biosourcés.
« Répondre aux besoins du présent, sans compromettre la capacité pour les générations futures de satisfaire les leurs. » Brundtland Gro Harlem, Notre avenir à Tous, rapport de la commission mondiale sur l’environnement et le développement, 1988.
Date / 2008-2010
Mission / Recherche et développement

L’association a été créée avec pour préoccupation principale de sensibiliser le public à la solidarité internationale, en mettant en avant des solutions porteuses d’espoir ayant trait au développement durable. Son principal objectif est d’agir pour l’accès au logement des plus démunis en tenant compte des aspects environnementaux et de la démarche participative.

Nous avons souhaité lancer ce projet de recherche dans les pays en voie de développement, notamment en Amérique Latine, où 32% de la population urbaine est concernée par l’habitabilité précaire.
Sur place nous avons participé à des chantiers de construction de logements d’urgence en collaboration avec des associations locales (Habitat para humanidad; Un teccho para mi pais,..), et nous avons expérimenté l’utilisation de matériaux réutilisés ou biosourcés dans la construction, en collaboration avec des architectes spécialisés, des permaculteurs et des centres de recherche (CEVE en Argentine). Cette expérience nous a notamment permis de concevoir un projet d’habitats à Cochabamba, en association avec Habitat par Humanidad.

L’ensemble de ces expériences et expérimentations sont retranscrits sur le blog :
https://detoientoit.wordpress.com

De retour en France, une conférence à la Maison de l’Amérique Latine, nous a permis de communiquer sur ce projet. Nous avons poursuivi notre recherche via :
-La réalisation d’un cours «intensif» sur le réemploi dans la construction et son application sur un «chantier social», à l’école d’architecture Paris Malaquais
-Des ateliers de sensibilisation au recyclage avec une classe de l’école Jean-François Lépine.

Actuellement, l’Atelier Alt R Architecture poursuit ces recherches.

Le superadobe est une technique constructive de l´architecture de terre. Nous l’avons expérimenté avec un groupe de permaculture, sur un terrain montagneux près de Sao Paolo.
Le superadobe est d´autant plus intéressant que son coût de construction est dérisoire, il est antisismique et sa mise en oeuvre ne demande pas de main d´oeuvre qualifiée. Tout un village expérimental fut construit dans le désert au nord de Los Angeles en 1988, selon son concept qu´il baptisa ‘CalEarth Institute’. ‘Le retour à la terre m´a semblé évident. Je n´ai rien inventé, toutes les civilisations méditerranéennes ont utilisé la terre sur laquelle elles vivaient pour bâtir’ affirme-t-il.

Procédés constructif du superadobe :
1. Niveler le terrain afin qu´il soit complètement plat
2. Tracer un cercle au sol car les formes ciculaires conviennent mieux à la technique du superadobe pour des raisons de stabilité.
3. Mettre en place les fondations en remplissant des sacs en nylon ou en toile (usuels pour stocker l´alimentation) avec un mélange de 1/3 de ciment et de 2/3 de sable.
4. Tasser
5. Arroser la première couche constituée par le premier sac de la fondation avec de l´eau de façon à ce que le ciment prenne.
6. Mettre un barbelé au-dessus du sac pour éviter les mouvements latéraux du prochain sac, superposé à ce premier.
7.Remplir des sacs en nylon avec de la terre
8. Compacter.
9. Mettre un barbelé au-dessus du sac.
10. Répéter les étapes 7,8,9 jusqu´au haut du mur.

L’association a expérimenté, en collaboration avec Le Centre Experimental de la Vivienda Economica de Cordoba en Argentine qui est un centre important de recherche sur les matériaux, notamment dans le domaine du recyclage des résidus. Ceux-ci sont soit d’origine urbaine (papiers, plastiques, etc…), soit d’origine naturelle (coquille de cacahouètes, etc…).

 

PLAQUES ET BRIQUES EN PET

Ces plaques sont obtenues après la trituration de bouteilles de plastique ou encore de papiers de sucreries ou autres emballages plastiques. La résine, ayant le rôle de liant, est mélangée aux petits morceaux de plastique, puis le tout est ensuite versé dans un moule afin d’y être compressé pendant une heure. Le séchage dure ensuite 24h. Il est également possible d’utiliser des moules de brique : d’une épaisseur de 15 cm, la brique de PET est aussi performante qu’une brique de terre cuite, mis à part sa résistante mécanique qui est de 2 MPa, tandis que celle de la brique rouge est de 4 MPa.
Il est donc plus intéressant d’utiliser ce matériau en plaque, sa légèreté et sa résistance thermique étant ses principaux atouts pour une utilisation en tant qu’isolant ou cloison.

 

PLAQUES EN COQUILLES DE CACAHUETES

L’Argentine est un des premiers exportateurs de cacahuètes mondiaux, avec 400 000 tonnes de production annuelle. 130 000 tonnes de coquilles de cacahuètes s’accumulent par an, alors pourquoi ne pas utiliser ce déchet d’origine naturelle en tant que matière première dans la construction ?!
Tout comme dans le cas des plaques de plastiques, les coquilles de cacahuètes sont triturées pour être ensuite mélangées à de la résine. On obtient alors un matériau susceptible d’attirer les moustiques et autres moucherons. Pour éviter ce problème il faut toutefois mélanger de l’insecticide à la résine avant le séchage.
Plus la plaque de cacahouètes est comprimée, plus elle acquière des propriétés mécaniques. En revanche moins elle est comprimée, plus son isolation thermique est performante.

 

UNE SERRE /COUPOLE GEODESIQUE DE BAMBOU

La construction s’est développée sur trois jours avec l’architecte Tomaz Lotufo aidé d’une vingtaine de volontaires agriculteurs et étudiants.

Le bambou est un matériau doté de nombreux atouts pour la construction. Par exemple il a des qualités similaires à celles de l’acier (telle que la résistance à la traction). Certaines espèces ont une hauteur de plus de 36m et leur diamètre varie entre 1cm et 30cm (à maturité). Au moins trois ans après sa plantation, il doit être coupé à la pleine lune, moment auquel il est le plus sec. Par la suite, le bambou est séché pendant environ deux mois et traité pour être utilisé pour la construction.

Pour la serre que nous avons construite au sud de Sao Paulo, le bambou sert d´armature. Nous avons conçu six hexagones qui, emboîtés les uns dans les autres, permettent de constituer la forme géodésique. Pour chacun des hexagones, il s’agissait de trianguler plusieurs pièces de bambou ensemble. Chaque pièce de bambou doit être coupée le plus près possible des nœuds, partie la plus résistante. Chaque bambou est associé à quatre autres au niveau des jonctions. Un piquet réunit deux bambous après leur forage in situ, pour permettre une certaine tolérance lors de la construction.
Une fois les hexagones assemblés, ils sont positionnés sur une base de béton, leur permettant de s’élever par rapport au niveau du sol et évitant ainsi des problèmes d’humidité.
La structure est ensuite recouverte d’un plastique, moins cher et plus accessible que le verre. On le positionne fermement pour éviter les infiltrations d’eau.

 

DES MAISONS EN BOIS PREFABRIQUEES / Construction de logements d’urgence en collaboration avec l’association «Un techo para mi pais»

Un module de base

L’habitat d’urgence proposé est une maison en bois préfabriquée, de 18 m2 (6 mètres sur 3 mètres). D’une hauteur maximale de 2,5 mètres, les toitures à double pente sont en tôle ondulée en fibrociment (fourni, en général, par l’entreprise Mexalit). Ces plaques sont flexibles mais assez fragiles.
Cet habitat est construit sur pilotis : 15 poteaux l’isolent du sol et le protègent de l’humidité, des inondations et des épidémies. Actuellement, la hauteur de ces plots peut atteindre 1 mètre dans les zones à risques d’inondations.
Son édification est simple et rapide. Une équipe de 5 à 8 jeunes volontaires la construisent, avec l’aide des bénéficiaires, en 2 ou 3 jours. De plus, ce travail de collaboration permet un dialogue entre différentes classes d’une société où les inégalités et préjugés sont trop forts. Aussi, les familles cuisinent les repas pour les volontaires, renforçant d’autant plus l’idée d’échange !

… à faible coût

L’objectif premier de l’association est donc de construire en quantité, à bas coût. Ainsi, il est intéressant d’acheter en gros des préfabriqués. De plus, le bois est un matériau écologique, à condition que cela n’entraîne pas une trop forte déforestation locale!
Bien que le « module » se répète, on peut noter quelques variantes :

– A la place du bois est parfois utilisé l’OSB (type de bois aggloméré), vendu sous le nom de smart side panel. Ce matériau est plus économique et plus résistant que le bois mais a une conductivité thermique plus forte.